Interdits de polluer en France (pour combien de temps encore ?), les groupes pétroliers du monde entier ne supportent toujours pas que l’environnement et la santé de citoyens puissent prévaloir sur leurs bénéfices issus de la fracturation des roches bitumeuses. Surfant sur l’inconscience collective que semble contrôler le gouvernement anglais (si les américains le font, pourquoi pas eux ?) actuellement, le groupe Français Total vient d’annoncer qu’il investirait massivement dans les forages outre manche pour récupérer jusqu’à la moindre goutte d’huile bitumeuse coincée entre les roches les plus durs de leur sous sol ! Nous étions déjà vus comme des libertins, des râleurs et des chauvins, voilà que nous sommes en passe de devenir les saccageurs avides et sans scrupules de la blanche Albion ; en terme de produit d’exportation dans le monde, la France a déjà fait mieux !

Pourtant, la résistance existe, en Angleterre comme en France. De vastes collectifs, associations et partis écologistes des deux rives de la manche s’organisent pour freiner les velléités d’un David Cameron qui n’en est pas à son coup d’essai question capitalisme débridé. Sauf que cette fois, il n’hésite plus à sacrifier son pays, sa nature millénaire et l’avenir proche de millions d’Anglais qui vont se réveiller au son d’un derrick, à l’odeur de gazs toxiques remontant des entrailles de la terre et avec pour toute eau courante une bouillie infâme faite d’un liquide nauséabond mélangé à du gaz inflammable (CH4) et aux nombreux produits chimiques utilisés dans la fracturation et qui contaminent toutes les nappes phréatiques alentours. Le tout, formant un cocktail détonnant qui, comme dans les films de Josh Fox, Gasland ou dans celui de Lech Kowalski, La Malédiction Du Gaz De Schiste s’enflamme à la moindre étincelle trop proche du robinet de la maison et transforment de verts pâturages en terres brulées et stériles…

Tout cela pour quoi ? Pour tirer de la terre les dernières tonnes d’un pétrole (difficilement et couteusement raffinable) qui fera avancer, une dernière fois, des voitures à essence dont nous savons depuis des décennies que leur système moteur est voué à disparaitre ? Pour satisfaire les appétits de multinationales qui, des pétroliers aux raffineries en passant par les constructeurs automobiles sont depuis des années dans une logique du court terme là où tout bon économiste vous dira qu’une entreprise prospère et viable se doit de calculer sur le long terme ? Rien que ces considérations là devraient faire changer d’avis leurs dirigeants; rajoutons y la destruction de notre planète (Exxon Valdez; Plateforme BP Deepwater Horizon dans le golf du Mexique; pollutions de l’Alaska via les oléoducs qui le traversent…) et de notre environnement proche (pollution au CO2 coupable du changement climatique; acidification des océans; hégémonie des cancers des voies respiratoires dus aux rejets du transport…) et nous voilà face à une des plus grandes catastrophes de l’histoire de l’humanité : En un siècle à peine, nous avons retrouvé des taux de concentration de gaz carbonique dans l’atmosphère identiques à ceux qui prévalaient il y a 4 millions d’années ! Que l’on vienne nous expliquer que ceci est un cycle normal de la nature…

Ceci dit, pour une entreprise française qui a indiqué qu’elle souhaitait délocaliser sa trésorerie et sa communication financière dans la capitale britannique à la fin de l’année 2013 (en précisant, bien évidemment, que ce n’était pas pour profiter d’un niveau d’imposition plus bas en Angleterre ! Précision inutile donc…) il était normal qu’elle renvoie l’ascenseur au premier ministre anglais (A noter que le département de trading pétrolier de Total était déjà situé à Londres). Ce premier ministre qui, depuis son élection, aime se fendre de critiques ouvertes et de sarcasmes sur la vision sociale, écologique et à long terme des Français. Français qui, grâce à leur résistance active, leur engagement associatif, politique ou citoyen ont fait reculer les forages en méditerranée, en région parisienne et sur tout leur territoire….pour le moment. Quelque chose me dit que, pour une fois, les citoyens Anglais vont envier le mauvais esprit de leurs cousins Français.

Lien vers le film : Gasland