Premier Conseil municipal de 2014 à Puteaux ; les 8454 électeurs des élus d’opposition en danger !

Dans toutes les mairies de France (un peu moins dans les Hauts de Seine, il faut le reconnaitre), les premiers Conseils municipaux mêlant équipe gagnante et équipes perdantes sont l’occasion d’accueillir les élus (pour beaucoup, c’est une première) et de poser les bases de ce que seront le débat démocratique et l’échange d’idées (parfois vifs) dans un combat parfois idéologique, mais toujours dans l’optique du bien de la communauté, dans son ensemble.

A Puteaux, nous en sommes loin. Et cela ne date pas d’hier. Après une campagne houleuse, délétère et semée d’insultes et d’agressions (sans parler des deux cambriolages chez deux colistiers de deux listes d’opposition…), la rentrée des élus se déroule comme se déroule un vulgaire match de foot d’une cité de mauvaise réputation où les citoyens d’une même ville, d’un même quartier et parfois, d’un même immeuble, s’invectivent, s’humilient et s’insultent. Comme une équipe jouant à l’extérieur, les élus de l’opposition ne sont pas les bienvenus au Conseil municipal de leur ville. Pourtant, sans eux pas de majorité non plus. Sans ces citoyens qui ont tout donné pendant une année et qui se retrouvent, maintenant, embarqués pendant six années à titre bénévole pour la défense de valeurs et des citoyens, toutes tendances confondues, la démocratie ne peut exister et la victoire de la majorité ne pourrait être fêter lourdement, dispendieusement (avec nos impôts donc) et orgueilleusement.

A Puteaux, l’opposition n’a pas encore franchi le seuil de la salle du Conseil que, déjà, de très nombreux soutiens de la majorité (facilement reconnaissables, car toujours autour de leurs élus…quels rôles ont ils, exactement ?) qui ont envahi les étages de la mairie (quid de l’ordre public ? De la sécurité des élus censée être assurée par une police municipale qu’on oblige à fermer les yeux sur leur serment et leur mandat ?…) montrent du doigt, vilipendent et humilient ces « perdants » qui osent, de plus, assumer le mandat donné par les 8454 électeurs qui ont voté pour le changement dimanche 23 mars ! Pour celles et ceux qui débutent ce soir là, la tension est grande; on veut les intimider dès le premier Conseil. « Ici c’est Puteaux » scande un certain public qui c’est arrogé tous les gradins « publics » du deuxième étage, reléguant tous les citoyens « opposants » dans une salle annexe équipée d’un écran retransmettant le Conseil. Ségrégation pour qui n’est pas du « clan » ! Nous, les élus d’opposition et leurs partisans sommes donc considérés comme n’étant pas de cette ville et comme des citoyens de seconde zone puisqu’il y a différences de traitements dans les réceptions, les fêtes de fin de scrutin et le droit, pourtant inscrit dans ce code des collectivités dont on nous a fait cadeau (avec une bougie et des stylos…tout ce qu’il faut pour travailler pendant six ans; quid des cadeaux de la majorité ?) pour tout citoyen de la ville à assister librement aux Conseils municipaux de sa ville. Drôle de démocratie…

Enfin, nous prenons places. Celles du fond de la salle avec un trentaine de dos qui nous font face; cela va durer six ans…et les dos que nous admirons (les Adjoints et Conseillers de la majorité) nous ne les entendrons pas (ou si peu) s’exprimer une seule fois en six ans puisque, ici la Maire répond à tout et prend toutes les décisions. Le Conseil vote pour son maire. Surprise, Joelle Ceccaldi-Raynaud est élue avec le nombre de voix que comporte les élus de sa liste. Huit votes blancs, un vote pour Gérard Brazon (FN) qui est le seul à s’être présenté contre Mm Ceccladi-Raynaud lors de cette investiture. Et pour cause, il la connait bien ayant appartenu, lui aussi à son « clan » puis, ayant ouvert les yeux ou ayant vu l’opportunité de hisser les couleurs bleu marine… Son discours, à la fin du Conseil, sera néanmoins courageux, cinglant et plutôt bien senti contre ce système qu’il a pratiqué. A se demander comment ce candidat FN pourra jongler, pendant six ans, entre sa volonté de faire le ménage dans les pratiques parfois scandaleuses de sa ville et la ligne politique de son parti, bien plus sectaire et violente encore ?

Enfin, sont élus les adjoints et leurs délégations données par la Maire. Une par adjoint…sauf pour M Vincent Franchi (fils de Mm Ceccaldi Raynaud) qui, lui, se voit délégué aux : Finances, logement, RH, réussite scolaire… On n’a pas eu le temps de tout noter ! Aucun doute possible : Joëlle Ceccladi-Raynaud, qui arrive à un age canonique (ne s’est elle pas comparée, sans rire, à Mère Théresa dans son discours inaugurale ?) laissera bientot les clefs du pouvoir à son fils, Vincent Franchi. Et c’est peu de le dire, mais l’opposition comme la majorité attendent ce moment avec impatience car les uns comme les autres, ont observé ce Conseiller général au travail depuis quelques années et force est de constater que la politique, ce n’est pas son fort (heureusement, il y a l’Ipad pour les séances du Conseil général…). Les appétits d’une majorité dont les dirigeants nationaux ont prouvé à quel point ils pouvaient se combattre entre eux pour le pouvoir vont s’aiguiser et la curiosité, un peu revancharde, reconnaissons le de l’opposition s’exprimera donc très bientot… Il faut dire que Vincent Franchi n’y va pas avec le dos de la cuillère en argent quand il parle de l’opposition; rappelez vous :

Et puis, sans qu’elle n’y consente réellement, la Maire, tout juste investie accepte de donner la parole à l’opposition (qui la demandait depuis quelques minutes) pour clôturer la séance. M Brazon cingle pour le FN, mais se voit pourtant proposer par Mm Ceccaldi Raynaud de travailler en bonne intelligence avec la majorité ! Les masques tombent et Monsieur Copé peut jubiler. M Vazia, pour le PS, est dans un registre plus courtois et se voit remercié par la Maire de l’avoir félicitée pour sa victoire. Mais se voit également notifié : « Monsieur Vazia, nous avons gagné, vous avez perdu. C’est tout ». Rude ! La courtoisie de M Vazia, ne l’a pas empêché, dimanche 23 mars dans la mairie et à la proclamation des résultats d’entonner l’Internationale et de hurler, « Résistance » avec ses colistiers devant une assistance acquise à la cause de la majorité, médusée ! De grands moments.

Les élus de la liste de Sylvie Cancelloni, Puteaux En Mouvement (Mm Cancelloni ainsi que Mm Chavrier ont fait le choix de démissionner immédiatement pour laisser la place à leurs suivants de liste; c’est un bon signe envoyé aux plus jeunes de leurs listes) prennent eux aussi la parole et déclament un discours qui surprend tout le monde : ils se rangent derrière Mm Ceccaldi-Raynaud et sa majorité pour contrer la gauche au pouvoir national et contre Paris Métropole (oubliant, et c’est dommage, que la droite est maintenant majoritaire dans ce projet) ! Mais c’est raté. Mm le Maire leur fait remarquer que, pendant six ans, Mm Cancelloni a souvent voté contre ses décisions et accuse une fin de non recevoir cinglante à leur allégeance. Rude (bis), mais méritée !

Lorgnant du coté de M Grébert, dernier dans l’ordre des tables du fond, mais premier dans l’opposition, Mm Ceccaldi Raynaud semble surprise de voir la demande d’une prise de parole et l’appel d’un micro qui n’est pas le sien. C’est celui d’Olivier Kalousdian, élu EELV sur la liste Puteaux Pour Vous. D’ailleurs, elle tronquera Puteaux Pour Vous en Puteaux Pour Tous (pourquoi s’épargner une dernière humiliation) et ne trouvera pas le nom de l’élu alors qu’elle cita tous les autres. Le discours proposé (en bas de page) est ferme, mais très pacifique et fait montre d’une volonté d’apaisement, de respect des lois de la République et de la bienséance (consistant, par exemple, à ne pas constamment huer M Grébert dès que son nom est cité en Conseil) en finissant sur une proposition : que la majorité et l’opposition puissent montrer une autre image du Conseil pendant les six années à venir en travaillant pour le bien de la communauté notamment sur les questions d’environnement. Seule réponse de Mm le Maire à ce texte : « Monsieur, vous ne m’avez pas félicitée pour ma victoire » ! Micro coupé; au revoir ! Nous qui nous attendions à échanger sur la démocratie et l’environnement, nous restons bouches bées comme toute l’assistance devant l’écran de la salle des mariages. Le pire, c’est que dimanche 23 mars dans la salle des mariages où avait lieu, vers 23h30 la signature des PV finaux, nous étions trois (dont un colistier de Puteaux En Mouvement) à avoir salué la victoire de la liste de Mm le Maire. Il y avait là, Mm le Maire, Mm Rocca et deux adjoints en témoins….ah, ce que c’est que les défaillances de mémoire !

Voilà donc la triste réalité d’une large victoire dont la majorité n’a même pas su profiter dans le calme, la sérénité et le respect des autres. L’ambiance de clan et de famille (contre d’autres familles donc, on est bien loin du Général De Gaulle et des textes de la 5e !) qui règne à la mairie et dans les rues de Puteaux peut faire peur et influer sur les votes, c’est une évidence qui est déjà très contestable. Mais qu’elle cherche à influencer et faire peur à des élus de l’opposition, c’est inacceptable. C’est donc dans cette optique que ce texte, comme les suivants et tous les compte rendu de CM seront transmis à nos parlementaires (groupes de l’Assemblée et du Sénat) qui, eux mêmes, viendront rendre visite au Conseil municipal de Puteaux, au cas par cas, discrètement et en simple spectateurs. Ils se rendront compte et relaieront, ou pas (notre souhait) des dérives que nous subissons et subirons. Si le Préfet ne peut ou ne veut reprendre la main sur les manquements à l’ordre et à la loi de la majorité de Puteaux, alors il faudra en passer par d’autres voix étatiques pour un rappel à l’ordre, ferme et définitif cette fois.

Tout ce que demandent les élus de l’opposition (et la majorité des citoyens de Puteaux, y compris ceux soutenant la majorité et qui ont une image de la politique souvent plus saine que certains de leurs élus) c’est de pouvoir travailler sereinement et dans le respect des uns et des autres sous les commandements des lois de la République, qu’on nous propose de feuilleter dans le Code des Collectivités Territoriales offert hier soir.

Tant que faire ce peu…

Discours Conseil municipal du 28 mars 2014

Mm le Maire, mesdames et messieurs les élus de la majorité, mesdames et messieurs du public, chers collègues de l’opposition.

Nous avons fait un rêve : un rêve où toutes les citoyennes et tous les citoyens, toutes les tendances idéologiques d’une ville, si tant est qu’elles soient dénuées de haine et porteuses de décence, étaient représentés et avaient droit à la parole, dans le respect des uns et des autres. Un rêve où la courtoisie était respectée dans l’enceinte du Conseil municipal sans que d’interminables et d’acerbes jouxtes verbales ne viennent annihiler le débat démocratique. Un rêve où les élections se passaient sans insultes homophobes ou agressions physiques sur les militants de tel ou tel parti. Un rêve où les citoyens prenant à cœur leurs devoirs civiques durant des mois de campagne ou des journées de scrutins avaient les mêmes droits et bénéficiaient des mêmes attentions de la part de la majorité sortante. Un rêve où la victoire d’une liste et d’un candidat ne menaient pas, inexorablement à huer les perdants et à les ostraciser au point de cliver la ville en deux, un verre de champagne à la main pour les uns et un vert d’eau du robinet, pour les autres. Un rêve où les élus de la majorité et les élus de l’opposition pouvaient échanger et dialoguer pour le seul bien être de la communauté. Un rêve où la ville en transition et l’amélioration durable et urgente de l’environnement et des conditions sociales étaient des sujets prioritaires pour que les enfants comme les adultes ne vivent plus dans des logements insalubres et ne souffrent pas, prématurément, de maladies respiratoires, voire de cancers.

Ces rêves, Mm le Maire, ne concernent pas que les 8454 électeurs qui ont voté pour le changement dimanche dernier, ils concernent toute une population vivant sous les mêmes lois de la 5e République, car ils sont le reflet de la démocratie et du jeu politique tel qu’il devrait être exécuté, vu et soutenu par tous les citoyens et électeurs et notamment, les 35% d’abstentionnistes, si dommageables à la représentation démocratique de notre ville et de notre pays.

Ce sera votre rôle, ce sera notre rôle, à nous l’opposition durant les six années de mandat à venir et, pour ce qui concerne cette opposition, je prends ici l’engagement de concrétiser ces rêves, avec votre concours et l’engagement de toute votre majorité, pour les transformer en actes dignes et réalistes qui redresseront l’image de notre ville, à l’intérieur comme à l’extérieur et l’engouement des citoyens pour les élus qui les représentent.

Merci.

 

 

 

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